Communiqué de presse de KoPAX sur le projet d’opérations militaires conjointes FARD/FDR et l’arrivée des troupes kényanes

Sommes-nous encore un État?  

 

COMMUNIQUE No. 2021/001, du 27 avril 2021

  1. Le mouvement Conscience Congolaise pour la Paix (KoPax) suit avecla plus grande inquiétude la situation sécuritaire chaotique à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) où nos concitoyens sont massacrés depuis de nombreuses années. Des sources concordantes présentent ces massacres comme étant l’œuvre d’une nébuleuse qui serait soit liée aux ADF ougandaises, soit à un réseau criminel associé à l’Etat Islamique soit encore aux forces spéciales rwandaises opérant secrètement en toute illégalité sur le sol congolais. Prétendument pour faire face à cette nébuleuse et ses conséquences, il se prépare, sur demande de l’Etat congolais, une énième opération militaire conjointe FARDC/FDR (Forces Armées de la RDC et Forces de Défense du Rwanda) à laquelle on veut associer les troupes kényanes pour faire consommer plus facilement l’intervention rwandaise. Cette opération consisterait à mener une grande offensive conjointe contre les groupes armés rwandais et ougandais présents dans les deux Kivu.
  2. Alors que se déroulent ces massacres à l’Est de la RDC, l’on observe avec consternation l’indifférence totale et inhumaine de l’État congolais qui, par ailleurs, n’hésite pas un seul instant de « compatir » et à exprimer sa « sympathie » envers des pays étrangers affectés par des malheurs de nature diverse. Le silence des autorités congolaises est d’autant plus troublant que celles-ci refusent de prendre des mesures d’exception telles que la proclamation d’un état d’urgence.
  3. Par ailleurs, les massacres en cours sur le sol congolais sont surtout perpétrés dans les zones où est signalée la présence de la même armée rwandaise. En effet, le dernier rapport du groupe d’experts de l’ONU, rendu public le 23 décembre 2020, confirme clairement les opérations menées par les forces armées rwandaises et burundaises dans la partie est de la RDC de fin 2019 à octobre 2020, certifiant ainsi les allégations répétées de la société civile congolaise. Le rapport onusien note que « Entre fin 2019 et début octobre 2020, des membres des Forces de défense du Rwanda (FDR) étaient présents dans le Nord-Kivu, où ils ont mené des opérations en violation du régime de sanctions ». Ce que confirme du reste le Baromètre sécuritaire du Kivu, projet porté par l’ONG américaine de défense de droits de l’homme, Human Rights Watch (HRW) et le Groupe d’Etude sur le Congo (GEC). Il sied de souligner que cette présence ainsi que les autres opérations menées sur le territoire de la RDC le sont en violation des mesures prises par le Conseil de sécurité des Nations Unies en plus de son caractère anticonstitutionnel puisque n’ayant jamais fait l’objet d’un quelconque débat, encore moins de l’aval du parlement congolais.
  4. Faut-il aussi le rappeler, malgré les multiples incursions de l’armée rwandaise qui a occupé de facto une partie du territoire congolais par ses supplétifs tels que le RCD, le CNDP ou le M23 au cours des deux dernières décennies, son motif de traque contre les FDLR n’est qu’un prétexte, les FDLR ne représentant plus une menace réelle contre le Rwanda Les FDLR n’ont mené aucune attaque contre le Rwanda depuis plus d’une décennie. Des témoignages concordants attestent plutôt que l’intervention rwandaise entretient l’insécurité à l’Est de la RDC et le pillage des ressources naturelles et des minerais. Effectivement, la plupart des groupes armés opérant à l’Est de la RDC, notamment le NDC, la CODECO, les ADF ou les Nyatura, Faux-FDLR, n’attaquent jamais le pays prétendument cible, le Rwanda. De ce fait, on peut légitimement s’interroger sur les intentions réelles qui motivent cette énième opération conjointe. Certains observateurs y voient les signes inquiétants d’un risque de balkanisation de la RDC, en complicité avec ceux qui sont officiellement censés protéger la vie de la population, le territoire national, son sol et son sous-sol.
  5. Par conséquent, il devient de plus en plus difficile de réfuter l’hypothèse selon laquelle les massacres en cours seraient probablement liés à ces opérations discrètes et que ce projet de énième opération conjointe serait un subterfuge de plus menant vers une étape plus avancée d’un projet de balkanisation de la RDC. Une telle suspicion est d’autant plus renforcée par l’attitude des services de sécurité, infiltrés à l’instar de certaines structures de l’armée, qui affichent une agressivité extrême face aux populations qui manifestent pacifiquement contre les massacres.
  6. Des lors que les populations congolaises aspirent à la paix, les trois piliers qui garantissent une stabilité sociale, à savoir la paix, la justice et le développement durable sont le leitmotiv du mouvement KoPax qui rejoint les autres associations et acteurs de la société civile en constatant que ce projet d’opération conjointe n’est clairement pas en phase avec les aspirations susmentionnées du peuple congolais.  KoPax s’oppose catégoriquement à ce projet d’opération conjointe. KoPax exige également le retrait immédiat et sans conditions des éléments de sécurité rwandais menant des opérations secrètes sur le territoire congolais.
  7. Par ailleurs, KoPax rappelle aux autorités congolaises qu’à travers l’armée nationale le devoir de défendre le territoire et de protéger la vie des citoyens est de leur ressort, et qu’aucune armée étrangère ou internationale ne devrait s’acquitter d’une telle mission à leur place. Par conséquent, au lieu de multiplier les invitations aux armées étrangères, il faudra instaurer un état d’urgence et confier les opérations à l’est de la RDC à quelques bataillons d’élite des FARDC épris de patriotisme avéré.
  8. De ce fait, l’arrivée des troupes kenyanes est une initiative douteuse qui ressemble à la mission similaire conduite par les troupes tanzaniennes encore présentes au sein de la MONUSCO. Tout en relevant que le budget alloué à ces missions militaires étrangères aurait équipé et amélioré la capacité et les conditions de vie des FARDC, la société civile congolaise rejette massivement ces initiatives qui consolident une occupation de fait de l’espace minier à l’est de la RDC par des armées de pays voisins ; les mêmes qui participent à l’exploitation illégale des ressources du Congo. Ainsi, KoPax invite la société civile à se mobiliser contre cette culture des acteurs politico-militaires congolais qui consiste à sous-traiter les opérations militaires en RDC d’autant plus que l’expérience, depuis les années 1990 de la présence de différentes armées étrangères invitées sur le sol congolais, démontre clairement un résultat qui se résume en un passif lourd sur le compte du peuple congolais.
  9. Par conséquent, en plus de la mobilisation, KoPax réaffirme l’urgence de procéder à l’application des recommandations du Rapport Mapping des Nations Unies relatif aux crimes et graves violations des droits humains commises en RDC, et appelle plus particulièrement à la création d’un tribunal pénal international pour la RDC. Seule la justice peut apporter une paix véritable, là où ces opérations militaires, jumelées à l’impunité, ne font qu’entretenir le cycle des violences. Il n’y a pas de paix sans justice.

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Pour plus de renseignements, prière de contacter :

KoPax Présidence: Mme Nita Evele, pres3.kopax@gmail.com; Prof. Alphonse Maindo,  pres2.kopax@gmail.com; Prof. Jean-Claude Maswana pres1.kopax@gmail.com;

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